Lorsque vous arriverez dans votre nouvelle famille, durant la semaine dite d'observation et après, vous serez confrontés à une éducation toute autre que celle que vous avez pu recevoir et ce, pour deux raisons:

1. Nous vivons à une toute autre époque (on ne se rend pas compte comment les choses peuvent changer radicalement en l'espace de dix ou quinze ans)

2. Il s'agit d'un pays différent et donc, a fortiori, d'une culture différente.

Je m'explique. Lors de mes premières semaines dans cette famille, je me suis rapidement rendue compte qu'il ne fallait rien demander aux enfants si on a rien à leur offrir en échange. Pour illustrer mes propos, mettons-nous en situation (situation vécue soit dit en passant par moi-même):

Le garçon était absent, j'étais dans le bureau quand la fille est venue me rejoindre. Problème: j'entendais la tv qui était allumée dans la cuisine alors que personne ne la regardait. Je demande donc gentiment à la demoiselle d'aller l'éteindre puisqu'elle ne la regardait plus. Réponse: « what will I get for doing that? » (traduction: j'aurais quoi si je fais ca?) Ben rien, nigaude. « ok. So I don't do it. » Voilà, chers lecteurs, comment réagissent les gamins d'aujourd'hui quand on leur demande le moindre truc.

Troublée par plusieures situations similaires, après moults conflits avec les enfants (parce que franchement, faut pas abuser), je décide d'en parler au père. Quelle bonne idée! J'ai eu alors confirmation que le principe du chantage fait rage ici.

« je sais c'est difficile, c'est pour ça qu'il faut user de psychologie. Si tu fais ça, t'auras ça. Etc... Si tu veux qu'ils fassent ce que tu dis, il faut que tu les motives »

Et là, je dis non. Pas d'accord. A mon époque, on ne fonctionnait jamais comme ça. Si je ne faisais pas ce qu'ils voulaient, mes parents avaient juste à prendre l'air sévère et hausser le ton, et je le faisais illico presto. De nos jours, les enfants s'en foutent. Ils n'ont pas peur de la réaction de leurs parents. D'où ces derniers ont recours au chantage. Moi, ça me choque. Ils ne respectent plus rien: ni leurs affaires, ni leurs parents, ni les personnes qui sont là pour eux. Mais tout ceci est la faute des parents. Où est passé le principe de l'autorité??? Qu'on ne veuille pas donner des claques, je le conçois (moi, perso, une de temps en temps, je vois pas où est le mal. Ca leur remettrait les idées en place. Mais c'est un tout autre débat) Mais ce n'est pas une raison pour se laisser marcher sur les pieds comme ça! Les punitions, ça existe! Un bon « file dans ta chambre , t'es privé de foot» (ça marche aussi avec « repas », « télé », « console » etc), ça n'a jamais fait de mal à personne. Mais non, il semble que de nos jours, on fasse usage que de menaces qui, forcément, ne font pas effet puisqu 'elles ne sont jamais appliquées. Ceci est alors énervant voire insupportable pour toute personne observant ce genre de comportement et qui est en désaccord avec ce type d'éducation. Car on a envie de crier aux parents « Mais secoues-toi!!! Fais quelque chose! Arrête de faire ton jedi, et bascule du côté obscur de la force! Arrête de montrer les crocs et mords! Bon sang! »

Ainsi, et ceci s'adresse particulièrement à tout ceux et celles qui veulent partir en au pair un jour, pour votre saineté d'esprit et pour que vous gardiez votre zen attitude face à ce genre de conflit, rappelez vous d'une chose: VOUS N'ETES PAS LA POUR LES EDUQUER!!! Alors, ne vous cassez pas la tête, faites comme les parents mais essayer quand même (en rusant parce que faut ruser très subtilement) d'inculquer aux enfants les règles de base telles que: « please » « thank you » (et si vous êtes très forts, mais ça, c'est vraiment pour les meilleurs) le « je ramène mon assiette dans la cuisine quand j'ai fini de manger ».

Voilà. Ceci était mon coup de gueule du jour.

Ce n'est seulement quand on voyage que l'on se rend compte de la finesse de la gastronomie française. Même la choucroute et le cassoulet semblent des mets raffinés comparés aux repas quotidiens d'une famille anglaise. Premièrement, l'anglais moyen ne prend jamais, au grand jamais, de repas équilibré le midi. En effet, lorsque vous posez innocemment la question "what should I do for lunch today?", il réplique instantanément la même chose ( s'il y a une constante dans l'univers, ce n'est pas la constante de Planck mais celle de sa réponse) : "oh, something simple. Just cheese on toast with baked beans" Simple, c'est le mot juste. Je dirais même plus: élémentaire, mon cher Watson! Deuxièment, le soir, "for dinner", c'est un autre repas "simple" dont je vous fais une brève liste: pâtes (dans toutes les versions: bolognaise, lasagne, ou juste avec une sauce quelconque), riz (en sauce bien sûr), et les soirs de fêtes, c'est un rôti accompagné de trois demi-patates cuites (une petite patate et demie quoi), un bâton de carottes (deux si t'es chanceux) et une cuillère à soupe de petits pois. Enfin vinrent les weekends et le fameux dimanche matin. Car le dimanche matin, on a le droit à un petit déjeuner spécial que même la reine d'Angleterre, cette chère Elisabeth, doit manger en ce jour religieux. Mesdames et messieurs, j'entends d'ici vos questionnements: "Mais qu'est-ce que c'est?","de quoi parle-t-elle? j'en salive d'avance!", " Mais quand va-t-elle mettre fin à ce suspense insoutenable??" J'y viens. Je disais donc, le dimanche matin, nous avons droit dans notre assiette (creuse c'est plus pratique) à (roulements de tambours) du porridge!! (coup de cymbale) Alors, le porridge, qu'est ce que c'est? Je fais appel à mon ami wiki qui dit "Le porridge est un plat très simple, à base de céréales mondées, souvent écrasées grossièrement (gruaux) ou transformées en semoule ou en farine, que l'on prépare en les faisant bouillir le plus souvent dans de l'eau, mais parfois aussi du lait ou de l'eau additionnée de lait." ouf, chez nous, on le mange avec du lait. Rajoutez par dessus une ou deux cuillères à soupe de sucre et vous obtenez le petit déj typique du dimanche. En conclusion de ce passionnant billet, je citerai un vieux dicton chinois: "si tu ne veux pas ressembler à un hippopotame, surtout, ne vas pas en Angleterre!''

La première semaine de n'importe quel bouleversement de vie passe souvent très vite: première semaine de classe d'une nouvelle année scolaire, première semaine des grandes vacances, première semaine de boulot...  tu rencontres de nouvelles personnes et tu prends tes repères temporels et spaciaux.  Et les sept premiers jours dans une nouvelle famille ne déroge pas à la règle.C'est une semaine d'observation, elle est très importante, ne l'oublies jamais! Le tout est de savoir examiner méticuleusement tes congénères afin de mieux les connaître et de cibler leurs failles. Ainsi, habillée comme Indiana Jones, jumelles en main et oreilles alertes, j'entreprends une étude anthropologique de ces enfants dans leur habitat naturel.  Ah! Que vois-je vautré dans le canapé? Un merveilleux spécimen d'enfantillus fémina. Du fait de son comportement silencieux et calme, il semble que ce soit une espèce rare. Mieux, je suis en présence d'un mythe, d'une légende, telle celle du yéti qui hanterait les montagnes tibétaines. Je jubile déjà devant cette découverte, qui pourrait faire de moi la Christophine Colomb des au pairs. Doucement, je tente une approche aussi agile que discrète et m'installe à ses côtés. La conversation s'engage alors et lasse de fixer la boîte noire, la créature me propose un jeu. Heureuse qu'elle me laisse entrer provisoirement dans son univers, j'accepte volontiers cette invitation. Et là, c'est le drame. Car lorsque je croyais vivre l'utopie de l'enfant calme, je me fourvoyais bien! Trois parties de cache-cache ont suffi à anéantir mes rêves de grandeur...

Vint alors le moment tant attendu. La fameuse rencontre avec les enfants! Tranquillement attablée à boire un café avec le père de famille, la sonnette de la porte d'entrée retentit.
       -"oh, it must be the children" dit le père d'un air enthousiaste.
Nous allons donc ouvrir et ils sont là. Les deux têtes blondes. Ils sont apparus un peu comme dans les films, avec une aura lumineuse et la musique de fond "tataaaaaaaaaa". Aveuglée par tant de clarté, je fais un pas en arrière, leur permettant alors d'entrer finalement dans la maison. Ils sont donc là. En face de moi. La petite fille a 8 ans, les yeux verts, les cheveux blonds coiffés en tresse (un peu à la Laura Ingalls), une vraie tête de suédoise, sauf qu'elle est anglaise. Le fils, quant à lui, a 11 ans, cheveux châtains, yeux bruns, une tête de moins que moi (ahah, je vais pouvoir lui faire le coup de la tour qui domine avec les gros yeux!). Tous deux sont bien habillés dans leur uniforme scolaire: veste et robe pour la fille, veste et cravate pour le garçon. Très classe.

         -"Kids, this is Candide. She's our new au pair. Candide, this is Beth and Jack."

         -"hi kids, nice to meet you!" réponds-je, sourire aux lèvres. C'est qu'il s'agit de faire bonne impression, histoire de pas leur faire peur tout de suite! Eux me fixent, regards émerveillés, comme si j'étais la fille qui joue dans "High School Musical". Silencieusement, ils posent leurs affaires de classe et se mettent à leurs occupations habituelles tout en gardant un oeil sur moi. Qu'est ce que j'ai? j'ai une tâche? de la salade entre les dents? Tous timides, ils essayent d'engager la conversation.

         -"Do you like football? what's your favorite english team?"

         -"Do you eat snails?" Car oui, avouons-le, nous, français, sommes principalement connus à l'étranger comme mangeurs d'escargots. Ou de grenouilles. Bien que moi-même, je n'y ai jamais goûté. Et oui! Y'a pas qu'eux que ça dégoute!

La première journée se passe donc tranquillement, chacun essayant de jauger l'autre tout en cachant sa propre personnalité. Car, adulte comme enfant, nous sommes tous des faux-culs devant les inconnus.

Me voilà donc, moi, Candide, 22 ans, au pair for the first time, prenant l'avion pour l'Outre-Manche avec, dans mes valises, mes bonnes intentions et mon dico d'anglais harraps (mais ne faisons pas de pub, alors disons tout simplement mon dico d'anglais quelconque (le dico pas l'anglais, parce que si je veux qu'on me comprenne, mieux vaut ne pas parler un anglais quelconque mais celui d'ici. Enfin, passons passons...)) Arrivée à l'aéroport, les portes coulissantes du terminal s'ouvrent devant moi, m'offrant au passage une vague de visages inconnus. Et entre les mains d'un de ces anonymes, une petite pancarte "Candide"! aaaaaah, c'est moi.
          -"Hello! I'm Candide, nice to meet you!"
          -"Hello! I'm Mr X, please to see you!"
Et nous sommes donc repartis bras dessus bras dessous comme deux alcoolos après une soirée au comptoir du bar d'en face. Une heure de route plus tard (Heure pendant laquelle il m'a parlé de ses enfants, de sa maison, de son travail etc), nous voilà arrivés à destination. Et là, je me dis: "ok. Il a manifestement voulu me prévenir dans la voiture de l'état de la maison. Histoire que je tombe pas trop de haut en la voyant." Car oui, la maison est particulière. Tout d'abord, la salle de bains: baignoire, douche, lavabo, toilettes...et de la moquette au sol. Quoi de plus hygiénique que de la moquette dans une salle de bains? Ensuite vient le bureau: manifestement, l'apocalypse y a sévi les 10 dernières années, il n'y a eu aucun survivant. Des tonnes de paperasses encombrent la pièce, le bureau et les étagères(je ne mentionne pas la poussière, ce serait faire offense à votre imagination). Les braves qui s'y sont aventurés ont réussi à creuser une tranchée pour accepter à l'ordinateur, soit a fortiori, internet. Bénis soient-ils! Enfin, la cuisine. Vaste, lumineuse, peut-être un peu fraîche. Mais surtout, ne pas lever les yeux! Sinon, tu risques de voir un carré noir de moisissures de la taille de la douche de la salle de bains du dessus. Vint alors le moment de me montrer la chambre qui m'est destinée. On ne se rend compte de notre immense capacité imaginative que lorsqu'elle est mise à l'épreuve. En effet, mes précédentes visites de pièces de la maison ont engendré en moi appréhension et crainte quant à ma future "bedroom". Deux sentiments qui ont offert un vaste terrain de jeu à la fantaisie de mon esprit. Heureusement, ma chambre est spacieuse, claire, paraît propre. ouf! J'ai vraiment eu peur là!

Une fois toutes ces démarches effectuées, j'ai finalement trouvé une famille. Sur le papier, elle a vraiment l'air bien: 2 enfants, famille mono parentale, grande ville! 25 heures par semaine pour 60£, pas de ménage. Cool!
Les enfants ont 8 et 11 ans, font de la musique, aiment le sport! Le père est chef d'entreprise. En plus, ils ont des amis français à proximité super sympas. Certes, on ne va pas à l'étranger pour côtoyer des français, mais savoir qu'il y a pas loin des francophones est très rassurant, surtout quand c'est la première fois que tu pars aussi longtemps dans un pays étranger!

Tout d'abord, avant de sauter dans le prochain avion à destination de l'Angleterre, ma valise dans une main, mon parapluie dans l'autre, il faut trouver une famille où travailler. Pour cela, inscrivons nous sur un site de mise en relation aupair-famille. (Tiens, c'lui-là a l'air pas trop mal!) Et là, c'est le moment déterminant: car ne crois pas que l'aventure commence à ta descente de l'avion! Non non! tu te fourvoies ma chère! C'est maintenant que ça commence. Mine de rien, c'est cette période de recherche et de prise de contact (sous ses airs anodines) qui détermineront les prochains mois de ta vie! Alors sois prudente! Choisis bien! Le tout étant de savoir ce que tu veux. Il faut être précise dans tes recherches:

      Nombre d'enfants? 2, au plus 3
      Région précise? une grande ville (sinon, y'a de fortes chances de se    faire chier! et nous ne voulons pas ça!)
      Ménage? pourquoi pas
      Garder des enfants handicapés? de préférence non.
      Famille monoparentale? bof, à voir au cas par cas...

A partir de là, plusieurs familles rentrent en contact avec toi (c'est fou le nombre de familles qui recherchent des au pairs soit dit en passant!). A toi de faire le tri!

Cette année, j'ai prise une grande décision: je vais faire un break dans mes études et partir plusieurs mois à l'étranger et travailler en tant qu'au pair dans une famille!
Mais qu'est qu'une au pair? D'après le site linternaute.com, une au pair est une personne logée et nourrie en échange de certains services (garde d'enfants par exemple). Bien. Quand on lit ça, on se dit "pffff, trop facile la vie d'au pair! the fingers in the nose! Garder des enfants? pas de souci, ils m'adorent! Faire à bouffer? J'aime essayer de nouvelles recettes! Faire du ménage? ben je l'ai toujours fait à la maison alors, ça va pas changer!" Sauf que...ahah, on devrait nous surnommer "les candides": on arrive toujours plein de bons sentiments, de bonnes résolutions, motivées comme jamais! Il n'y a pas plus naïve qu'une au pair qui débarque. Car, oui, une au pair débarque de son pays lointain, où tout est propre et beau, des idées plein la tête et un coeur gros comme ça. La désillusion arrive vite.N'est pas Mary Poppins qui veut!

Ainsi, je commence ce blog aujourd'hui pour raconter un peu l'expérience d'au pair que je vis depuis 6 mois. Je vous paraîtrai peut être cynique, méchante parfois ou drôle (je l'espère!), en tout cas, disons-le maintenant, je ne regrette absolument pas d'être partie de France. Bien au contraire! Alors let's go!